Et le clou, pour économiser le carburant, les motards dévalent les pentes au point mort !
Tout ceci pour dire que ce fameux projet touristique n’aura rien d’un éco-tourisme respectant les habitants et la flore.
J’ai appris que l’île venait d’être déclarée d’utilité publique, ce qui veut dire que le gouvernement n’a rien à demander à la population ni à dédommager qui que ce soit. S’ils ont envie d’exproprier, ils le font en toute légalité et les paysans chassés de leurs terres, n’auront rien à revendiquer.
Tout le long du trajet, j’ai vu des arbres déracinés, des chemins dévastés, des masures détruites et une route en terre, avec des ornières boueuses qui font déraper les motos. Bien que la vitesse ne dépasse pas 45 km/h, j’ai bien souvent serré les fesses !
Un groupement a été créé pour la défense des habitants, mais seront-ils entendus ? Leur président a été retrouvé mort et son vice-président a été emprisonné pour trouble à l’ordre public…
L’avenir de l’île est très préoccupante pour ses habitants, d’une part, mais aussi pour la beauté de l’île.
Quand on sait que la seule forêt de l’île a été abattue pour ce fameux aéroport, on peut se poser des questions quant au respect que les décideurs auront pour Dame Nature…
Pour amadouer la population, le gouvernement a fait livrer des dizaines de motos sur l’île pour faire le taxi. Ce sont des coups de klaxon incessants. On ne verra plus de jeunes promeneurs comme sur la photo du rapport, ni des vaches paître le long du chemin…
Cette semaine, nous devions aller à Tabarre pour hospitaliser Jéricho dont je vous ai parlé dans mon rapport précédent. C’était sans compter avec les incertitudes haïtiennes. Pas de véhicule à disposition. Tout compte fait, c’était heureux, car la traversée en barque sous la pluie battante eut été problématique…
Nous nous y rendrons lundi prochain, et cette fois, c’est certain car la jeune fille qui m’accompagne doit rentrer en France pour des examens médicaux.
En Haïti, on apprend au moins une chose : La PATIENCE ! TANN POU TANN (un dicton haïtien qu’on pourrait traduire “laissons le temps au temps”).