CHANGEMENT DE CAP
Fond des Blancs
Après un mois et demi passé auprès de « mes petits protégés », la vie m’a appelée ailleurs en Haïti, pour un tout autre travail.
L’association « Livres sans Frontières », adhérente à la nôtre, a envoyé 4 tonnes de livres à la fondation « Friends of Fond des Blancs » tenue par Ferel, un haïtien natif de cette bourgade qui a décidé de venir en aide à son village d’origine pour le mieux-être des habitants.
La bibliothèque est construite. Très agréable, elle bénéficie d’une belle vue sur la rivière et la verdure environnante et est bien ventilée. Pour le moment, elle est vide. Les planches pour les étagères sont commandées et les premiers rayonnages devraient être faits avant mon départ.
J’ai en charge d’organiser cette bibliothèque. Je liste les livres et revues empilés dans des cartons. Je ne sais pas exactement combien il y a de cartons, mais j’en « écluse » une douzaine par jour et je ne suis pas au bout de mes peines à la vue de ce qu’il reste à faire.
Ce travail est très plaisant ; je m’attarde sur certains livres, scolaires notamment, dont l’aspect est très attrayant. Je me dis souvent, en les feuilletant, que j’aimerais retourner sur les bancs de l’école avec ces livres !
Je redécouvre également avec un certain plaisir les romans de ma jeunesse, les bibliothèques enfantines et adolescentes, les revues auxquelles mes enfants ont été abonnés. Un véritable retour aux sources. Une foule de souvenirs heureux me revient à la mémoire ; ces livres sont une véritable machine à remonter le temps !
MON LOGEMENT
Je suis logée dans la maison de Ferel, sur le même terrain que sa soeur et aussi à proximité des tentes qui abritent les ouvriers venus de Portau- Prince pour terminer l’école en construction (cf ci-dessous).
Chaque matin, je reçois la visite de mon amie, Salamandra. On se regarde avec curiosité pendant plusieurs minutes avant de continuer à vaquer à nos occupations respectives ! Très drôle ce petit instant de complicité !
J’ai un bon gardien : Bobby, le chien de la soeur de Ferel. Il ne me quitte pas. Comme je dors sur la terrasse extérieure de la maison (car les nuits sont agréablement fraîches et j’évite ainsi le ventilateur qui m’incommode les oreilles et la gorge), Bobby se couche aux pieds de ma tente moustiquaire et quand je descends à la rivière ou au bistrot pour boire un coup, il me suit comme mon ombre.
LA FONDATION « FRIENDS OF FOND DES BLANCS », c’est aussi :
Une clinique-dispensaire dont une partie est terminée. Cette clinique se situe à environ 10 kms de la bourgade principale et devrait permettre aux villageois de cet environnement de venir en consultation médicale. Des consultations de médecins généralistes et spécialistes sont prévues une fois par mois, dans un premier temps.
Ferel espère accueillir des médecins volontaires d’Europe ou des US. Une maison des volontaires est en construction qui disposera de 4 chambres à 3 lits, un système de repas du midi fonctionne déjà pour les ouvriers.
Une boulangerie qui fournit le pain à toute la population environnante. Un tricycle motorisé fait le tour des hameaux avec sa cargaison de pains ; le chauffeur s’annonce avec un mégaphone. C’est un service ambulant rendu à la population qui fonctionne à merveille. Les dix morceaux de pain sont vendus environ 0,20 €
Un bistrot (au-dessous de la bibliothèque) vend des boissons fraîches, des recharges de mobile, et fait office de bureau de transfert Western Union.
Plus tard, elle fera office d’épicerie de dépannage. Il faut savoir que toute denrée utilisée par la population des montagnes vient de Port-au- Prince. Les routes sont très difficilement praticables et le carburant très cher.
Un système collectif d’approvisionnement permettra aux villageois de faire des économies substantielles sur l’achat de la nourriture.
Ferel est prêt à développer ce service, mais il est seul à gérer ce grand projet de développement et doit, pour le moment, tout contrôler. Il lui faut rapidement quelqu’un de confiance pour le seconder.
Certains l’aident déjà beaucoup, mais leur conscience collective n’est pas suffisamment mature pour le moment…
L’école Saint-André est en pleine construction. Une véritable ruche où s’affairent des dizaines d’ouvriers afin qu’elle puisse ouvrir le 1er octobre.
Elle comprendra 13 classes (de la Maternelle au Collège), une cantine très bon marché (certains enfants font plusieurs kms à pieds pour se rendre à l’école) le ventre vide.
Un service d’eau filtrée très bon marché. La plupart des villageois utilisent l’eau de la source qui se déverse dans la rivière, mais elle n’est pas suffisamment pure.
L’eau qu’ils viennent puiser à la rivière est gratuite. La logique économique a souvent le dernier mot…
Un éclairage public solaire jusqu’à 22 heures. Ce système d’éclairage est alimenté par les batteries solaires de la maison de Ferel. Pour le moment, c’est un système de fils qui alimente chaque réverbère, mais à l’avenir, il est prévu de disposer un panneau solaire au-dessus de chacun pour rendre ce système plus autonome.
Un moulin à maïs et une fabrique de parpaings au service des villages avoisinants.
- Le moulin à maïs attire les villageois très éloignés de la bourgade. Grâce à ce moulin, les peuvent avoir leur maïs moulu pour 3 gourdes (environ 0,06 €).Chaque jour, c’est la queue pour venir moudre son maïs. Le moulin ferme quand tout le monde a terminé.
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La fabrique de parpaings permet l’approvisionnement pour les constructions prévues par la Fondtion de Ferel. Chaque jour, la machine produit des parpaings dont le surplus est vendu aux particuliers des alentours. Cela permet de rentabiliser la fabrication et tend vers plus d’autonomie.
Un service de microcrédit réservé aux femmes. Ferel considère que les femmes ont droit à une certaine autonomie financière. Avec ce système de microcrédit, elles peuvent emprunter une certaine somme d’argent, remboursable sur 6 mois à un taux minime pour ouvrir, soit un petit commerce, soit faire du maraîchage.
Ce service fonctionne bien et est très populaire auprès des femmes. C’est un bon début qui demande à être davantage développé pour diversifier les activités économiques des femmes dans la bourgade que toute la population appréciera (une restauration rapide fait défaut. J’apprécierais de pouvoir manger un peu de viande, de temps en temps, car mon repas unique du midi, c’est le riz, avec ou sans sauce !).
Ne vous inquiétez pas, je l’agrémente avec une « Prestige » bien fraîche, des fruits qu’on me donne et du pain local !
Une pépinière d’arbres et de plantes. Les hommes sont fortement sensibilisés au concept de replantation d’arbres à longue vie et d’arbres fruitiers (manguiers, orangers, papayers…) pour arrêter l’hémorragie de la coupe sauvage des arbres pour la fourniture du charbon à la majorité de la population haïtienne.
Une alternative au charbon de bois serait indispensable, mais c’est encore ce combustible qui revient moins cher que le gaz et la population n’est pas encore prête d’utiliser des équipements à énergie solaire…